Le Sénégal organise des élections législatives anticipées le 17 novembre 2024 après la dissolution en septembre dernier de l’Assemblée nationale par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye. La campagne électorale a démarré le 27 octobre 2024 et sa fin est prévue le 15 novembre à minuit, selon un calendrier établi.
La campagne est cependant marquée par un climat tendu entre la liste des Patriotes africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité (PASTEF) portée par le Premier ministre Ousmane Sonko et la coalition de l’opposition Sàmm Sa Kàddu dont la liste nationale est conduite par Barthélemy Dias, le maire de Dakar, la capitale sénégalaise.
Le 11 novembre 2024, des individus armés ont « attaqué et agressé » des partisans du PASTEF d’Ousmane Sonko. S’exprimant à Rufisque (banlieue) dans la même journée, le Premier ministre a accusé des opposants d’avoir « violemment attaqué et blessé » ses partisans à Saint-Louis (nord) avec « des couteaux, sabres et grenades lacrymogènes ». Le même jour, Sonko a invité ses partisans à la vengeance.
« Que chacune des agressions subie par PASTEF de leur part depuis le début de la campagne, que chaque patriote qu’ils ont agressé et blessé soit proportionnellement vengé (…) Barthélémy Dias et sa coalition ne doivent plus battre campagne dans ce pays », a notamment déclaré le leader du PASTEF.
La coalition Sàmm Sa Kàddu a réagi : « Ousmane Sonko, dévoré par la peur de la défaite, tente désespérément de museler la démocratie en tentant d’instaurer un climat de terreur. La coalition Samm Sa Kaddu tient Ousmane Sonko pour responsable de tout ce qui pourrait arriver à ses membres, ses militants, ses sympathisants et ses électeurs ».
Le mardi 12 novembre 2024, une caravane de la coalition Sàmm Sa Kàddu a été stoppé par des éléments de la Brigade d’intervention polyvalente à la sortie de la ville de Thiès, en direction de Sébikotane. Selon le communiqué de la Direction générale de la police nationale, « une importante quantité de bombes asphyxiantes, de bâtons télescopiques, de douilles, de tasers, de couteaux, de lance-pierres entre autres » ont été retrouvés dans les véhicules de la caravane. Quatre-vingt-un individus ont été interpellés.
La publication que nous vérifions
Le 12 novembre 2024, un utilisateur Facebook a publié une série de trois images montrant des armes à feu et des couteaux.
« Après l’arrestation des nervis de Barthelemy DIAS par la BIP, voici les armes qu’on a retrouvées dans leur convoi. Jean Baptiste TINE doit démissionner de ses fonctions d’État. Il ne mérite pas d’être le ministre de l’intérieur (sic) », peut-on lire à travers cette publication.
Le même utilisateur a partagé la même vidéo dans différents groupes publics (1, 2, 3). 
Des photographies hors contextes
D’après les résultats de la recherche inversée d’image à partir du logiciel Google Lens, ces images n’ont aucun lien avec la saisie opérée dans la caravane de Barthélemy Dias.
Une photographie d’une saisie d’armes dans le port Lukeville, en Arizona, en 2017
Cette image figure dans la banque d’images Alamy.
Sur la description qui l’accompagne, nous pouvons lire : « Des agents des douanes et de la protection des frontières des États-Unis effectuant des inspections à la sortie du port de Lukeville, en Arizona, ont arrêté mardi deux ressortissants mexicains après avoir trouvé des devises américaines non déclarées, des armes et des munitions lors de saisies distinctes ».
La photographie a été prise le 16 mars 2017 par le services des Douanes et protection des frontières des États-Unis.
Deux images présentes sur internet depuis au moins 2017
Quant à la cette image, son occurrence la plus ancienne apparaît dans cette publication du média argentin Despachantes Argentinos.
La photographie illustre un article portant sur le trafic d’armes illicite dans le pays. Aucune information n’a été ajoutée concernant le contexte de prise de cette photographie.
Enfin, la troisième image illustre également un article datant de 2017. Elle peut être vue dans cet article du média sénégalais PressAfrik, datant du 25 août 2017. Il s’agit de l’occurrence la plus ancienne de cette photographie en ligne.
Comme pour l’image précédente, aucune information n’a été indiquée concernant le contexte ou l’auteur de cette photographie. Cependant, elle ne montre pas des armes trouvées dans une caravane de la coalition politique Sàmm Sa Kàddu dans le cadre de la campagne pour les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 au Sénégal.
Article édité par Dieynaba Thiombane et Valdez Onanina.