Le 13 juillet 2024, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a accordé un grand entretien à la presse sénégalaise à l’occasion de son 100e jour au pouvoir. À la suite de cet entretien, plusieurs publications (1,2,3) sur les réseaux sociaux ont prétendu que Bassirou Diomaye Faye s’est adressé aux présidents de l’Alliance des États du Sahel (AES) en déclarant : « Je persiste, on n’a pas besoin de faire des coups d’État pour renégocier les contrats signés depuis l’indépendance ».
Par exemple, une publication du 23 août 2024 par le compte Johanne Axel Guede sur X (anciennement Twitter), vue plus de 46 mille fois à la date du 30 août 2024, indique que Bassirou Diomaye Faye « tacle les Sahéliens » en lui attribuant la déclaration suivante : « Je persiste, on n’a pas besoin de faire des coups d’État pour renégocier les contrats signés depuis l’indépendance ».
Cette publication a été reprise par puis reprise par d’autres comptes X (1, 2, 3) et Facebook (1,2,3,4,5,6).
L’Alliance des États du Sahel (AES) est une confédération de trois États à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ces États avaient communiqué leur retrait de la CEDEAO en janvier 2024, après avoir annoncé la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) suite à une révision de la Charte du Liptako Gourma le 16 septembre 2023.
Les dirigeants respectifs de ces trois pays font souvent l’objet de critiques (1) liées aux coups d’État par lesquels ils ont accédé au pouvoir.
Déclaration inexistante
Nous n’avons trouvé aucune trace de cette déclaration attribuée au président sénégalais : que ce soit sur le site de la présidence du Sénégal, les comptes Facebook et Twitter du président sénégalais ou encore les comptes et plateformes de la télévision nationale du Sénégal RTS1.
En sus, lors du grand entretien qu’il a accordé à la presse sénégalaise en juillet 2024, Bassirou Diomaye Faye s’est prononcé sur la question diplomatique (Ndlr : écouter à partir de 2 heures 12 minutes 30 secondes) en déclarant plutôt respecter la souveraineté des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et leur choix, contrairement à ce que disent les publications. « Je vais faire, en compagnie de mes pairs et sous la supervision de la CEDEAO, ce que je crois devoir faire, à savoir dialoguer, discuter, travailler à réconcilier les positions. La décision qui sera prise par les États de l’Alliance des États du Sahel est une décision qu’on respectera parce que ce sont des États qui sont souverains » a déclaré le président sénégalais.
« Le président Diomaye Faye n’a jamais tenu ces propos qu’on lui a attribués. Ni en privé, ni en public », a assuré Ousseynou Ly, le coordonnateur de la cellule digitale de la présidence sénégalaise.
Relation diplomatique entre le Sénégal et l’Alliance des États du Sahel
Le président sénégalais a entrepris sa première visite officielle au Burkina Faso et au Mali, le 30 mai 2024 pour renforcer les « liens historiques de bon voisinage, d’amitié fraternelle, de solidarité et de coopération multiforme », lit-on dans un communiqué de la présidence sénégalaise datant du 30 mai 2024. Près de trois mois plus tard, le premier ministre sénégalais Ousmane Sonko s’est également rendu au Mali le 12 août 2024 où il a rencontré son homologue malien Choguel Maiga ainsi que le président malien Assimi Goita. À cette occasion, Sonko a déclaré que les États du Sahel sont des pays souverains et que leur choix de quitter la CEDEAO doit être respecté.
Cet article a été réalisé par la journaliste burkinabè Rabi Congo (Faso Check) dans le cadre d’un stage d’immersion au sein de la rédaction francophone d’Africa Check, à Dakar, soutenu la Fondation Konrad-Adenauer.