Début mars 2024, dans une déclaration faite sur Télé Sahel, la chaîne nationale nigérienne, le Colonel Amadou Abdramane, porte-parole du pouvoir militaire au Niger depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, a déclaré que la présence américaine au Niger n’était plus justifiée. Le gouvernement militaire a ainsi suspendu son accord militaire avec les États-Unis « avec effet immédiat ».
« La présence militaire américaine est illégale et viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques. Cet accord injuste a été imposé unilatéralement par les États-Unis, via une simple note verbale, le 6 juillet 2012 », avaient souligné les autorités nigériennes.
Le 7 juillet 2024, les États-Unis ont annoncé avoir « achevé le retrait de leurs forces et de leurs équipements d’une base aérienne à Niamey, la capitale du Niger. La prochaine étape de l’agenda américain est le retrait d’une base de drones au Niger, qui devrait être achevée en août. Ces départs sont conformes à la date limite du 15 septembre convenue entre les États-Unis et la junte au pouvoir au Niger ».
C’est dans ce contexte que, le 12 septembre 2024, la page Facebook J’aime mon pays le Burkina Faso a fait une publication qui met en exergue une image sur laquelle on voit plusieurs véhicules blindés de même type. « AES : le Niger refuse une aide militaire américaine et le Bénin se porte acquéreur (…) Le Niger a récemment décliné une offre des États-Unis concernant un don de véhicules blindés, initialement prévu pour renforcer ses capacités militaires », est-il indiqué par cette publication.
La publication a été largement partagé sur le réseau social (1,2,3,4,5,6,7)
Une légende trompeuse
Nos différentes recherches à travers des médias d’information officiels ne nous ont pas permis de retrouver une source crédible, nous indiquant que « les États-Unis ont offert des véhicules blindés au Niger ». L’information n’apparaît dans aucune agence de presse américaine ou dans aucun média d’information francophone.
La publication que nous vérifions attribue cette information au journal en ligne béninois 24haubenin.info. Nous avons donc consulté l’article sur le site du média béninois, lequel cite le média Africa Intelligence comme étant sa source. Cependant, nous n’avons pas retrouvé pareille information sur le site d’Africa Intelligence.
En effectuant une recherche Google en anglais, nous avons pu trouver un article du Wall Street Journal datant du 11 septembre 2024, sur le sujet : « Les forces américaines ont été expulsées cet été de leur bastion régional au Niger, plus à l’intérieur des terres, et le Pentagone élabore désormais un plan de contre-insurrection de secours dans les pays voisins : remise en état d’un aérodrome au Bénin pour accueillir des hélicoptères américains, stationnement de Bérets verts et d’avions de surveillance en Côte d’Ivoire, et négociation du retour des commandos américains dans une base qu’ils occupaient auparavant au Tchad », peut-on lire.
« Le déplacement des forces américaines vers des pays côtiers comme la Côte d’Ivoire et le Bénin est stratégiquement la seule option qui nous reste », a déclaré au journal, le général de division à la retraite Mark Hicks, ancien commandant des forces d’opérations spéciales américaines en Afrique.
Nos différentes recherches ne nous ont donc pas permis de retrouver une information relative à un don de véhicules blindés au Niger, par les États-Unis.
Une photographie de véhicules blindés canadiens
Grâce à l’outil Google Lens, nous avons retrouvé des détails sur l’origine de cette photographie.
Elle apparaît dans une publication de Radio Canada datant du 14 mars 2024.
« Israël souhaite importer des véhicules blindés légers de l’usine Roshel de Mississauga, en Ontario », est-il rapporté dans la légende de la photographie. Elle a été prise par le photographe Raphaël Tremblay pour Radio Canada.
Article édité par Dieynaba Thiombane et Valdez Onanina.