Journaliste, expert formateur en fact-Checking, Valdez Onanina est un vérificateur des faits de grande renommée. Rédacteur en Chef de la section francophone d’Africa Check, il a dirigé #SaytuSEN2024, une initiative cross-média et société civile qui a été active dans la lutte contre la désinformation en période électorale lors de la présidentielle 2024 au Sénégal. Interrogé dans le cadre de la journée internationale du Fact-checking célébré ce 2 avril, il répond aux questions de Badona sur la particularité de la désinformation en politique. Lisez plutôt.

Le 02 avril, c’est la journée internationale de la lutte contre la désinformation. Quelle est l’importance de cette journée ?

C’est une journée et une célébration importantes en ce sens qu’il s’agit de mettre en lumière le fact-checking et les efforts de lutte contre la désinformation dans un contexte où les fausses nouvelles sapent la confiance du public en vers les médias et les institutions.

2- Quand on évoque cette journée, il y a un mot qui résonne fort, la « désinformation ». Qu’est-ce la désinformation ?

La désinformation est le fait de diffuser une information fausse ou trompeuse dans le but de tromper la cible à laquelle ce message est destiné, voire de l’orienter afin que celle-ci agissent ou réagissent dans le sens souhaité par l’émetteur.

3- On sait que la désinformation touche tous les domaines, mais il y a un domaine qui déchaîne davantage les passions, la politique. Comment la désinformation se manifeste-t-elle en politique ?

La désinformation en politique, se manifeste comme dans les autres domaines. Mais il est vrai que c’est un champ particulier en ce sens que la politique détermine les opinions et est au centre de toutes les actions. En période d’élection par exemple, la désinformation est utilisée à des fins de manipulation de l’électorat au bénéfice d’un candidat.

4- Vous avez dirigé une initiative de lutte contre la désinformation en période électorale lors de la toute récente présidentielle 2024 au Sénégal. Quels sont les principaux mécanismes de désinformation que vous avez détectés?

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C’était un évènement particulier en matière de désinformation. La désinformation a effectivement été au centre du jeu. Elle émanait essentiellement des partisans des différents acteurs engagés dans cette compétition électorale. On a noté beaucoup de propagande et des contenus fabriqués comme des fausses Unes de journaux ou de faux sondages. Tout cela, comme je l’ai dit tantôt, dans le but d’orienter l’opinion des électeurs et jeter du discrédit sur les adversaires.

5-Quelles ont été les conséquences de la désinformation pendant cette période électorale au Sénégal ?

A ce stade, il est difficile de tirer une conclusion très précise sur l’impact de la désinformation durant cet épisode électoral au Sénégal. Mais il est certain que la désinformation à attiser les braises dans un contexte très tendu et a souvent créé la panique sur des sujets donnés.

6- En dehors de ce que vous avez noté au Sénégal, quels autres mécanismes de désinformation peut-on avoir en communication politique ?

Les contextes sont particuliers et la technologie évolue à une telle vitesse qu’il est difficile d’anticiper un certain nombre de choses. Ailleurs, l’intelligence artificielle a été utilisée dans des campagnes de désinformation politique par exemple. Le plus important, à mon sens, est de tenir nos publics en alerte par rapport à cette problématique en le sensibilisant aux dangers de la désinformation et en poursuivant notre travail de fact-checking, et au-delà du fact-checking, promouvoir un journalisme de qualité porté sur les faits.

7 – Comment les citoyens peuvent-ils se prémunir contre la désinformation dans les discours politiques ?

La culture de la reddition des comptes est importante pour ce faire. Nous devons apprendre à adosser nos opinions sur des éléments factuels sur des preuves. Or, de notre expérience et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les politiques appuient très rarement leurs déclarations sur des faits. Nous devons tenir les politiques responsables de ce qu’ils disent. Voilà comment on pourrait se prémunir contre la désinformation dans les discours politiques.

8- A partir de l’expérience du Sénégal, que diriez-vous aux Béninois qui ont déjà commencé par subir les batailles politiques en prélude aux élections générales de  2026?

Vigilance. Ne pas prendre pour argent comptant ce qui se lit ou se dit sur les réseaux sociaux. Ne pas prendre les discours politiques pour des paroles d’évangile et toujours chercher à avoir la preuve par les faits de ce qui est dit. Être critique et rigoureux quant aux informations qui nous parviennent et, ce, peu importe l’émetteur du message.