Le 22 septembre 2024, au moins une trentaine de manifestants ont été interpellés à Accra, capitale du Ghana. Ils étaient réunis à l’occasion d’un rassemblement pour dénoncer l’inaction et la corruption du gouvernement face à l’orpaillage illégal. Organisé par le Democracy Hub, une organisation de la société civile, ce rassemblement a réuni plusieurs personnes autour du slogan : « Dites non au Galamsey ». Galamsey étant le nom local pour désigner l’exploitation minière illégale dans le pays. Les manifestants ont défilé dans la capitale ghanéenne sur fond de chants patriotiques.
« Samedi, nous avons de nouveau alerté les organisateurs de la manifestation. Nous leur avions demandé de reconsidérer les sept sites que la police leur proposait pour manifester en leur expliquant que le lendemain, nous allions nous assurer que le trafic routier resterait fluide et ne serait pas interrompu (…) Le dimanche, ces individus se sont rassemblés illégalement et ont attaqué des policiers qui exerçaient leurs fonctions légales. Ils seront traduits en justice pour leurs actions, à savoir l’entrave à la circulation, la détérioration de biens et la provocation de troubles », a indiqué Grâce Ansah-Akrofi, la directrice de la communication de la police ghanéenne.
Les avocats des manifestants arrêtés ont dénoncé des conditions de détention inhumaines, affirmant que leurs clients ont été privés de nourriture, d’eau et d’accès à des installations sanitaires de base. Malgré leurs demandes de libération sous caution, le juge chargé de l’affaire a décidé de maintenir les accusés en détention provisoire, fixant la prochaine audience au 8 octobre 2024.
La publication que nous vérifions
« Ghana : la police arrête 42 manifestants critiquant la politique gouvernementale
Accra, Ghana (…) », est-il écrit dans une publication de la page Facebook Le Faso en action datant du 23 septembre 2024.
La publication est illustrée de deux images. Sur l’une d’elles, on voit le président ghanéen Nana Akufo-Addo aux côtés de son homologue français Emmanuel Macron. Sur la seconde image, on voit des manifestants brandissant des pancartes.
Plusieurs internautes ont fait des publications similaires sur Facebook (1,2,3,4,5,6,7,8,9,10).
Des images hors contexte
En effectuant la recherche inversée d’image à partir du logiciel Google Lens, nous avons pu retrouver l’origine de ces deux images.
Une photographie d’une visite de Macron au Ghana en 2017
La première image, sur laquelle on voit Emmanuel Macron Nana Akufo-Addo, apparaît dans un article du média Le Monde datant de novembre 2017.
Elle montre « Emmanuel Macron et le président du Ghana, Nana Akufo Addo, le 30 novembre à Accra ». Cette rencontre s’est tenue dans le cadre de l’ultime étape de la tournée africaine d’Emmanuel Macron en Afrique en 2017. La photographie a été réalisée par Ludovic Marin pour l’Agence France-Presse (AFP).
Une photographie d’une manifestation de la société civile en Ouganda en 2022
La seconde image, quant à elle, apparaît dans une publication de l’ONG StopEACOP sur la plateforme X datant d’octobre 2022.
Cette ONG se présente comme une organisation luttant contre la création de projet de pipeline au cœur de l’Afrique.
« EACOP, c’est un méga-projet pétrolier sur le point d’être construit en plein cœur de l’Afrique par TotalEnergies. Une catastrophe pour la population ougandaise, la biodiversité locale et notre avenir à toutes et tous sur cette planète (…) Pour construire ce pipeline colossal, TotalEnergies a besoin du soutien de banques, d’assureurs, de fournisseurs du monde entier. Autant d’entreprises qui craignent pour leur réputation. Si nous faisons tomber ses alliés, alors nous pouvons arrêter le pipeline lui-même », peut-on lire sur le site web StopEACOP.
« Hier, nos 9 frères en Ouganda ont été arrêtés pour avoir exercé leur droit constitutionnel à une manifestation pacifique contre le pipeline de pétrole brut d’Afrique de l’Est. Signez la pétition pour exiger leur libération immédiate », peut-on lire de la légende accompagnant l’image. La photographie a été réalisée par le Nile Post News.
Article édité par Dieynaba Thiombane et Valdez Onanina.